Jaume Renyer

per l'esquerra de la llibertat

17 de desembre de 2014
0 comentaris

Ksenia Svetlova:”Les primptemps arabes, quatre ans après”

Ksenia Svetlova és una analista israeliana especialitzada en el món àrab de l’Institut Israelià de Política Estrangera que ahir va publicar aqueix article en versió francesa al canal i24news on fa balanç del moviment de revolta iniciat avui fa quatre anys a Tunísia -l’únic país que ha aconseguit consolidar un règim democràtic-i que fou denominat “la primavera àrab” però que realment ha estat el preludi del retorn a  l’hivern islamista amb l’emergència de forces genocides com el Califat Islàmic o Boko Haram..

Al-Qaïda à la frontière israélo-syrienne, les fanatiques de l’”Etat islamique” qui dirigent leur propre mini-Califat en Syrie et en Irak, les armes libyennes quittant les entrepôts vers l’Afrique et le Moyen-Orient, les décapitations de Raqqa jusqu’au Sinaï et beaucoup, beaucoup de rêves brisés. C’est à cela que ressemble le Moyen-Orient depuis 4 ans, juste après le début du phénomène souvent désigné comme le “Printemps arabe”.

La vague des révolutions arabes a débuté avec les flammes de Mohammed Bu-Azizi, le Tunisien qui s’est brûlé vif (le 17 Décembre 2010). Et plus le temps passe, plus les flammes s’élèvent et deviennent puissantes. Plusieurs milliers de vies ont déjà été consumées dans ce feu brûlant, et puisqu’aucune solution réelle n’est en vue, beaucoup d’autres seront assassinés, torturés, violés ou exilés. Quatre ans après l’éruption des révolutions au Moyen-Orient arabe, la Syrie, la Libye et le Yémen sont sur le point de se désintégrer, l’Egypte est de retour à la case départ avec son nouveau pharaon militaire, et le seul pays qui peut se vanter d’un certain succès grâce à l’établissement d’une démocratie est la Tunisie. Cependant, même la Tunisie n’est pas encore sortie d’affaire. Son économie subit une crise majeure où la pauvreté accable les régions, comme celle de Sidi Bouzid, où Muhammad Bu-Azizi désespéré, s’était immolé.

Est-ce la sombre image dont le Tunisien Mohammed Bu-Azizi ou l’Egyptien Khaled Saïd – un autre symbole puissant du «printemps arabe» avait rêvé? Probablement pas. Tous deux, Bu Azizi le maraîcher, et Saïd le blogueur et étudiant vivaient dans une réalité impossible, luttant contre différents aspects d’un même phénomène- la répression étatique. Khaled Saïd enquêtait sur le trafic de drogue à Alexandrie et l’implication des agents de police dans l’affaire, tandis que Muhammad Bu-Azizi voulait juste gagner sa vie. Eux et leurs semblables qui sont partis manifester sur l’avenue Habib Bourguiba à Tunis, sur la place Tahrir au Caire et sur la place Taghir au Yémen, protestaient contre la pauvreté, le chômage, le manque d’opportunités pour le développement, l’oppression et la dictature.

Mais surtout, ils manifestaient contre l’échec de leurs régimes gériatriques à achever un quelconque progrès dans quelque domaine – éducatif, économique social ou politique. La stagnation évidente de ces régimes, au Yémen, en Egypte, en Syrie, en Tunisie et ailleurs ont créé un vide dangereux, qui a été immédiatement rempli avec d’autres aspirants qui exigeaient un changement radical. Les régimes étaient laïcs, les nouveaux radicaux, déçus par les révolutions infructueuses des années cinquante étaient des islamistes.

Pendant des décennies, les Frères musulmans, al-Gamaa al Islamiya, al-Tafkir wa al-Hijra et beaucoup d’autres présentaient différentes opinions et perspectives sur les défis de la modernité. Tous ont suggéré que la Charia sera la base idéologique d’un Etat alternatif. Aucun d’entre eux n’a offert une vraie solution en termes d’économie, de société et de politique étrangère, probablement parce qu’ils ne croyaient jamais réellement monter au pouvoir. Lorsque l’incroyable s’est produit sur la place Tahrir en Janvier 2011, la confrérie musulmane a d’abord été prudente, pas encore prête à sacrifier sa stabilité et les droits qu’elle a pu gagner, juste pour le plaisir d’un changement incertain. Je me souviens avoir vu de nombreux militants des Frères musulmans sur la place Tahrir pendant les 18 jours de la révolution. Au début, ils étaient spectateurs, regardant de loin les masses en quête de changement.

Puis, lorsque Moubarak a été contraint de démissionner, ils ont gagné plus de confiance, réalisant qu’ils étaient pratiquement les seuls joueurs sur le terrain politique. Dans un pays où les organisations civiles ont été écrasées pendant de nombreuses années, où l’analphabétisme est encore très élevé et les croyances religieuses puissantes, les Frères musulmans ne pouvaient échouer. Compte tenu du pouvoir et de l’influence de l’armée, l’affrontement avec les Frères musulmans était également prédéterminé, tant ces deux organisations étaient et sont antidémocratiques, peu enclines à partager le pouvoir. Comme nous le savons aujourd’hui, le parti le plus fort, à savoir l’armée, a gagné la bataille.

La situation au “Pays du Jasmin” – la Tunisie, là où la classe moyenne était beaucoup plus large et puissante, l’alphabétisation presque achevée, et les partisans d’un Etat laïc plus fréquents – est complètement différente. La Tunisie a toujours été unique sur la scène du Moyen-Orient, et elle reste pour le moment, le seul exemple de succès du “Printemps arabe”. Concernant les pays avec la pire forme d’oppression comme la Syrie et la Libye, et avec un taux de pauvreté élevé et un taux d’alphabétisation des plus bas – le Yémen, il devient ainsi évident que très peu de chances existent pour qu’un Etat tout entier “soit capable de vivre indéfiniment avec le changement révolutionnaire”.

Ainsi, bien que tous ces Etats aient quelque chose en commun – un président vieillissant, un régime autocratique et une forte opposition islamiste – ils ont tous pris des chemins différents il y a quatre ans, chaque tentative révolutionnaire a développé des conditions de base sur le terrain, ainsi qu’une participation étrangère dans ses affaires. Le Bahreïn n’aurait pas été en mesure de le faire si ce n’était pas pour une invasion terrestre des troupes saoudiennes qui ont soutenu le roi, la Syrie quant à elle, ne se serait pas noyer dans le sang si les deux parties- Assad et les rebelles – n’auraient pas eu accès à des armes de pointe.

Maintenant, au moment où il y a tant de souffrance, certains diront que le résultat du «printemps arabe» est dévastateur et négatif. Certains iraient même jusqu’à condamner les États-Unis, les islamistes, et les révolutionnaires pour ces terribles conséquences.

Cependant, ces critiques ont tendance à oublier la situation initiale dans laquelle se trouvaient tous ces pays, négligeant le profond mécontentement populaire vis-à-vis de ces régimes. Personne dans les tours d’ivoire des palais présidentiels n’a pensé à une idée ou un plan pour réformer ces pays et leur société. Certains hommes politiques ou diplomates auraient pu réagir différemment à cette vague révolutionnaire – Obama aurait pu finalement soutenir Moubarak, par exemple, mais il n’aurait pas été en mesure de disperser un million de manifestants à Tahrir, et plusieurs millions d’Alexandrie jusqu’à Assouan. Plus de sang aurait coulé, mais le changement aurait été inévitable. Si Mouammar Kadhafi n’avait pas été bombardé par la coalition occidentale, la guerre entre lui et les rebelles aurait probablement continué pendant encore plusieurs mois, devenant une maladie chronique, cependant, elle n’aurait pas pu être épargnée.

Les Américains auraient pu agir contre le régime Assad, mais ils n’auraient pas été en mesure d’empêcher les massacres des Alaouites par les Sunnites et vice-versa. La phase actuelle de l’histoire du Moyen-Orient est sombre et sanglante, mais pourtant inévitable. Il s’agit de conséquences naturelles de stagnation prolongée, ainsi que le chamboulement de réalités difficiles, enfouies sous un tapis. Maintenant que le tapis n’est plus là, tous les djinns sont dehors et marchent librement dans les rues de Damas, Sanaa, Benghazi et Le Caire.”

Deixa un comentari

L'adreça electrònica no es publicarà. Els camps necessaris estan marcats amb *

Aquest lloc està protegit per reCAPTCHA i s’apliquen la política de privadesa i les condicions del servei de Google.

Us ha agradat aquest article? Compartiu-lo!