Jaume Renyer

per l'esquerra de la llibertat

15 de setembre de 2014
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Ziyad Makhoul: “Hezb-el-Daech”

Aqueix article del periodista libanès Ziyad Makhoul a L’Orient-Le Jour de Beirut, el 13 de setembre del 2014, té el coratge d’exposar el caràcter totalitari tant d’Hesbol·là (Hezb) com del Califat Islàmic (Daech), malgrat que hores d’ara simbolitzin la pugna entre el bloc xiïta liderat per Iran i el sunnita encapçalat per Aràbia Saudí per l’hegemonia dins el món musulmà en la lluita contra les altres civilitzacions.

Wikipédia a souvent du bon pour ne pas oublier. La peste est une maladie à multiples facettes qui est mortelle pour l’homme. Elle est causée par le bacille Yersinia pestis, découvert par Alexandre Yersin de l’Institut Pasteur en 1894. La peste noire de 1347-1352 a profondément marqué l’Europe en exterminant 25 % à 50 % de la population du continent. Quant au choléra, c’est une toxi-infection entérique épidémique contagieuse. En 1503, un officier de Vasco de Gama a décrit une épidémie de diarrhées cataclysmiques rapidement mortelles (en 8 heures) et provoquant 20 000 morts à Calicut en Inde. Limitées initialement à l’Asie, ces épidémies se développent au XIXe siècle en véritables pandémies qui atteignent le Moyen-Orient, l’Europe et les Amériques. Il n’empêche : à un moment ou un autre, il faudra choisir. Ne serait-ce que pour éviter d’être choisi. Englouti.

Au Liban plus qu’ailleurs, rien n’est plus insupportable que la mauvaise foi. Surtout quand elle est érigée en praxis politique. Rien n’est plus insupportable que ces bataillons d’autruches tellement indignées qu’on dirait qu’elles ont avalé des balais par erreur – une ingestion qui ne les empêche aucunement pourtant de plonger jusqu’à l’aine la tête dans n’importe quel bac de sable. Rien n’est plus insupportable que cette fixation pathologique et névrosée sur cet arbre qui cache une gigantesque Amazonie. Parce qu’aujourd’hui, le constat est simple : depuis l’émergence et le crachat au visage du monde de Daech (ou État islamique, ou Isis, ou EIIL ou EIIS ou peu importe…), ce monde-là en général et les Libanais en particulier semblent avoir furieusement occulté l’hypermenace que représentent les ayatollahs de Téhéran, Bachar el-Assad de Damas et, last but not least, le Hezbollah, démultiplié à l’échelle de la planète.

Indépendamment du considérable écart d’âge entre eux, Daech et son aîné le Hezbollah ont quelques rubans d’ADN en commun. Fils du terrorisme (maintenant pour l’un, au commencement, dans les 80’s pour l’autre), tous deux se sont approprié Allah presque organiquement, dans une fusion et une interprétation malades et mortifères. Tous deux, aussi, ont su combiner une singulière approche de la martyrologie avec un art de la guerre dans les deux cas assez impressionnant. Mais cela reste détails. L’énorme point commun qui est le leur est leur détermination génétique à dynamiter les frontières et à noyer dans l’acide tout concept d’État dans son acceptation la plus répandue, pour, des ruines, modeler ou remodeler une entité purement fasciste : le califat pour l’un, wilayet el-faqih pour l’autre.

À part cela, quelque chose de fondamental, d’irrécupérable, de définitif les sépare. Les hiérarchise, dans leurs nocivités respectives. Le premier, Daech, reste(ra) un épiphénomène, monstrueux certes, mais qui, à terme, plus ou moins facilement, sera éradiqué. Même Oussama Ben Laden a été annihilé – et l’on ne va même pas du principe que ce Daech-là est, in fine, une création syrienne, ou israélienne, ou iranienne : la complotite suraiguë sera laissée à d’autres. Surtout, il n’hésite pas une seconde à annoncer la couleur, toutes les couleurs, sans la moindre hypocrisie, sans la moindre circonvolution : what you see is what you get. Le second, le Hezbollah, de par ses anamorphoses successives à l’intérieur de ce tissu libanais dans lequel il n’a jamais, au grand jamais, voulu véritablement s’inclure, de par ses innombrables masques, de par les circonvolutions et les emberlificotements de son secrétaire général, est infiniment plus retors. Et puis, il fait partie du corps. De la maison. Il est utérin. La question est simple : vaut-il mieux mourir décapité, dans l’instant, ou crever à long terme, comme par empoisonnement au mercure par exemple ?

Bien sûr, la barbarie physique, morale, culturelle, politique, sociale, etc. de Daech est juste inouïe. Atroce. Inadmissible. Bien sûr, tous les Khaled Daher, aussi élus de la nation soient-ils, ne peuvent plus, ne doivent plus, être cautionnés par leurs partis. Bien sûr, tout doit être mis en œuvre non seulement pour éradiquer Daech du territoire libanais, mais pour en extraire les racines. Toutes les racines. À commencer par le mercenariat du Hezb en Syrie. Mais il serait impardonnable, idiot et criminel d’oublier à quel point le Hezbollah nuit non seulement à la République et à la démocratie libanaises, mais aussi et d’abord à celles et ceux qu’il représente. C’est l’absolue concommitance de deux volets.

En finir avec Daech de quelque façon que ce soit est une urgence. Barrer la route au Hezbollah et, une fois pour toutes, le libaniser est une nécessité.

Post Scriptum, 6 de novembre del 2017.

Ziyad Makhoul ha publicat avui mateix un punyent article editorial a L’Orient-Le Jour analitzant la dimissió del primer ministre libanès Saad Hariri i les possibles repercussions sobre l’hegemonia iraniana al Líban, via Hesbol·là. Per la seva banda, Avi Issacharoff, publica també avui la seva anàlisi des del costat israelià.

Post Scriptum, 23 d’abril del 2018.

Avui Ziyad Makhoul publica una editorial coratjosa a L’Orient-Le Jour denunciant “L’apartheid du Hezbollah”.

Post Scriptum, 7 de maig del 2018.

Ziyad Makhoul expressa a la seva editorial d’avui a L’Orient-Le Jour, “Législatives 2018, Infinity war (s)“, la seva angoixa per la victòria d’Hesbol·là i els seus aliats a les eleccions legislatives d’ahir al Líban:

Nous, Libanais, sommes les joyeux locataires à vie d’une insubmersible tour de Babel. Vautrés sur nos pauvres 10 452 km² ou exilés (in)volontaires dans un pays plus civilisé, nous parlons une infinité de langues, nous défendons une infinité de cultures, nous nous bunkérisons dans une infinité de communautés, nous mangeons, prions, aimons ; bref, nous (sur)vivons de façons infiniment différentes. Et tout cela dans une espèce de coexistence qui n’a, certes, rien de convivial, loin de là, mais qui, finalement, se tient, miraculeusement, et assure le minimum syndical. Les uns ont leur Liban et les autres le leur ; les troisièmes se battent pour que ce pays reste ce pour quoi il est né : un pont entre d’infinies rives, ce fameux pays-message à visage arabe ; d’autres, encore, veulent le vampiriser et l’aligner sur tel ou tel axe, le modifier génétiquement, et il y a ceux, enfin, qui ne finiront jamais d’éprouver à son égard un mathématique mélange de fascination et de répulsion, un je-t’aime-moi-non-plus qui surprendra toujours tout le monde.

Nettement moins polarisées que celles de 2005 et de 2009, les législatives 2018 qui se sont tenues hier sont venues prouver, encore et toujours, cette babélisation organique et systémique du Liban. Encadrées par une loi d’une bâtardise inouïe, une loi, là aussi, il n’y a pas de surprise, super tour de Babel, elles ont vu à la fois la consécration du conservatisme, avec les victoires des partis-bulldozers, et l’émergence, aussi timidissime soit-elle, d’un vent nouveau, avec une ou deux possibles arrivées de candidats de la société civile. Ces élections ont également vu, à la fois, l’enthousiasme et l’engouement de ceux qui ont fait le déplacement jusqu’à cette espèce de carton censé faire office d’isoloir, qu’ils soient partisans aveugles et sourds, sympathisants qui ont voté avec leur tête ou nouveaux venus, si jeunes, qui ont laissé parler leur cœur, et un taux de participation inférieur à 50 %, preuve s’il en est que la moitié des Libanais se fout royalement de ce droit/devoir titanesque qui est pourtant sa plus puissante arme démocratique.

L’heure du bilan politique sonnera vite. Ce sera le moment où les masques, immanquablement, tomberont ; le moment où ces alliances pré-6 mai et tour de Babel absolument hallucinantes se détricoteront; le moment où chaque inscrit, qu’il ait voté ou pas, se frottera les mains ou regrettera amèrement son (non-)choix, peu importe, avant de se retrouver happé par un quotidien sans électricité, sans eau, sans télécoms dignes de ce nom, sans pétrole, sans idées, sans économies, sans (pré)vision(s), sans fierté de posséder le passeport libanais. Ce sera le moment, aussi, gueule de bois : le Hezbollah et ses alliés, notamment aounistes, continueront d’embourber le Liban dans des aventurismes persans meurtriers et d’infinies déclinaisons de populisme, le courant du Futur et les Forces libanaises continueront de naviguer en eaux troubles avec des boussoles souvent défectueuses et une étoile du berger pas très visible, Gebran Bassil continuera de se noyer dans un culot obscène (en dénonçant, par exemple, la sauvagerie de l’argent électoral alors que ses listes comportent plusieurs milliardaires…), la société civile continuera de s’entre-déchirer et le Parlement 2018 continuera, après avoir probablement perdu quelques ténors indépendants, d’être anschlussé par Nabih Berry – donc par le Hezbollah.

Le vrai problème est que nous, Libanais, sommes à la fois la blessure et le baume ; la maladie et le remède ; le problème et la solution. À la fois des Avengers, déterminés à préserver notre sol, nos identités, aussi meurtrières soient-elles, nos avenirs, et des Thanos, tout entiers concentrés à les dynamiter et les annihiler. Nous, Libanais, sommes à la fois tellement preux et tellement gueux.

Post Scriptum, 24 de setembre del 2018.

Ziyad Makhoul té, un cop més, el coratge de publicar avui aqueixa editorial: “Pays, Liban; capitale, Téhéran”.

Post Scriptum, 15 de setembre del 2020.

Ziyad Makhoul ha deixat la redacció de L’Orient-Le Jour, però continua treballant com a periodista free-lance de Beirut estant amb el coratge que el caracteritza, com hom pot comprovar al seu facebook.

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