Jaume Renyer

per l'esquerra de la llibertat

29 de maig de 2013
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Memòria de Constantinoble

Avui s’escau el cinc-cents seixantè aniversari de la caiguda de Constantinoble a mans dels turcs, uns desfeta per a la cristiandat i una victòria per l’islam que projecta els seus efectes sobre els nostres dies amb renovada intensitat. El plany dels cristians d’Orient recordant la pèrdua de la seva capital l’expressa magníficament avui mateix Michel Eddé a les pàgines de L’Orient-Le Jour de Beirut, en aqueix article titulat “Mèmoire de Constantinople“.

 

“Il y a 560 ans, le mardi 29 mai 1453, Constantinople la Ville Reine, capitale de l’Empire romain d’Orient, est tombée aux mains des Ottomans. Choisie par l’empereur (le basileus) Constantin Ier le Grand pour être la capitale de l’Empire chrétien, Constantinople fut consacrée le 11 mai 330 et, pendant mille cent vingt-trois ans et dix-huit jours, demeura la capitale de l’empire le plus long de l’histoire.

Attaquée pendant plusieurs siècles, Constantinople n’avait été occupée qu’en 1204 par les croisés, et pour une courte durée. Le sultan Mohammad II, âgé de 21 ans, qui sera surnommé al-Fateh, avait décidé de prendre à tout prix la Ville Reine et avait massé 160 000 hommes, en face desquels le basileus Constantin XII Dragasès n’avait pu opposer que 9 000 combattants.

Ayant rejeté les offres faites par le sultan d’un règlement pacifique permettant aux Ottomans d’entrer dans la ville et ayant refusé tous les conseils de ses amis de se réfugier dans d’autres villes de l’empire, Constantin XII s’était écrié : « Byzance est tombée et je vis encore. Que dirait de moi l’univers? Je désire mourir ici, avec vous tous ». Et, s’étant battu héroïquement, il était tombé avec tous ses barons les armes à la main.

Dans toutes les villes à forte population chrétienne de l’Empire ottoman telles que Mossoul, Alep, Haïfa et Alexandrie, la mémoire de Constantinople avait été préservée. Que nous réserve désormais l’avenir?. Pour tous les chrétiens du monde, le mois de mai est le mois de la Vierge Marie qui est aussi honorée au même titre par les musulmans de tous les pays, comme je l’ai récemment rappelé dans une émission à Télé-Lumière. Mais pour les chrétiens d’Orient, on dit aussi: « Mois des fleurs, mois des pleurs. » Pendant des siècles, on ne se mariait jamais durant le mois de mai, mais plutôt jusqu’au 30 avril et à partir du 1er juin.

Le mardi est aussi considéré comme un jour néfaste durant lequel on ne se livre à aucune activité notable, et on ne signe aucun document privé ou public important. C’est ainsi qu’agissait par exemple le regretté président Charles Hélou. J’avais de mon côté demandé un jour à feu le président Jawad Osseirane de ne pas me fixer une audience le mardi en lui expliquant la raison ; ce qu’il avait alors compris. À l’heure actuelle, beaucoup de nouveaux habitants de Beyrouth ne connaissent pas la tradition. C’est pour eux que j’ai écrit ce petit mot en les incitant à préserver eux aussi la mémoire.

Post Scriptum, 29 de maig del 2016.

Llegeixo a Le Figaro com Erdogan ha festejat avui amb tota solemnitat el 563 aniversari de la conquesta de Constantinoble, en un acte de propaganda del neo-sultanat que aspira a reviscolar. Mentre a Verdun, avui mateix Hollande i Merkel fan un acte de reconciliació en el centenari d’aquella batalla sagnant, l’otomanisme expansionista s’enorgulleix de les agressions perpetrades contra els pobles que ha subjugat. Maltempsades per una Europa que claudica davant el dèspota turc.

Post Scriptum, 30 de maig del 2016.

Nedim Gürsel és un escriptor i director de recerca a CNRS de França. Avui ha publicat a Le Monde aqueix article titulat “Le président Erdogan est le chantre de l’idéologie de la conquête” on descriu el missatge de l’expansionisme otomà i islamista que promou el dèspota turc amb motiu del 563 aniversari de la caiguda de Constantinoble:

La conquête de Constantinople par les Turcs en 1453 vient d’être célébrée en grande pompe par le gouvernement en présence du président Erdogan qui avait pris l’initiative de cette commémoration lorsqu’il était maire d’Istanbul. Une fois de plus nous avons eu droit à la fanfare des janissaires, aux vaillants guerriers martyres, aux galères ottomanes franchissant les sept collines de la capitale byzantine non pas les voiles gonflées par le vent mais tirées par des bœufs et des soldats. Nous avons donc assisté au grand spectacle du carnage sur les remparts avec son cortège de légendes sanguinaires et de pillage. Les demoiselles grecques ont accueilli une fois de plus avec des bouquets de fleurs le jeune Mehmet II, dit le Conquérant.

L’historien byzantin Dukas, témoin oculaire de cette conquête qui a été pour les vaincus une grande catastrophe a beau pleurer la chute de sa ville, nous les Turcs, « fières de nos ancêtres qui ne descendaient jamais du cheval » comme nous l’a rappelé notre papa-président, tous les ans nous la reconquérons. Et nos dirigeants islamo-conservateurs ne cessent de faire des discours qui semblent complètement anachroniques et qui tournent parfois même au grotesque. En présence d’une foule enthousiaste qui manifestait il y a à peine quelques jours pour que la basilique Sainte-Sophie, avec son immense coupole, ses colonnes de marbre et ses mosaïques, soit de nouveau transformée en mosquée, Istanbul est à nouveau victime d’un nationalisme exacerbé.

Dans un pays qui reste toujours candidat à l’Union européenne alors qu’il s’en éloigne chaque jour davantage, tout cela est révélateur d’une idéologie de conquête à jamais ancrée dans la mémoire collective et que les hommes politiques exploitent. Célébrer une conquête ayant eu lieu plus de cinq siècles auparavant peut paraître en effet anachronique, je dirais même saugrenu aux dirigeants européens qui se content eux non pas de célébrer mais de commémorer les guerres plus récentes comme Verdun par exemple. Pour Erdogan, la prise de Constantinople est un prétexte de plus pour défier l’Occident et redonner à son peuple sa fierté refoulée.

Dans la presse occidentale on parle souvent de « dérive autoritaire » pour définir l’évolution de la Turquie d’Erdogan. Aujourd’hui c’est encore pire. Dans un contexte de conflit armé avec les Kurdes et de répression des valeurs démocratiques, en l’absence de l’Etat de droit et de l’indépendance de la justice, nous devons plutôt qualifier la Turquie d’« ottomaniaque agressive ». En utilisant ce terme je ne veux en aucune manière dénigrer la mémoire historique de mon pays, mais attirer l’attention sur l’instrumentalisation des mythes fondateurs par les dirigeants politiques.

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