Jaume Renyer

per l'esquerra de la llibertat

27 de març de 2012
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Rellegint Pascal Bruckner: “L’invention de l’islamphobie”

El filòsof i politòleg francès Pascal Bruckner (París, 1948) va publicar el 23 de novembre del 2010, aqueix article al diari Liberation on analitza la gestació de la noció d’islamofòbia. Bruckner escriu a la revista de pensament polític “Le meilleur des mondes”, (on també col.laboren Bernard-Henri Levy i Pierre-Andre Taguieff, entre d’altres) orientada a la revalorització de la democràcia front als totalitarismes que emergeixen a França i arreu d’Europa:

 

“Forgé par les intégristes iraniens à la fin des années 70 pour contrer les féministes américaines, le terme d’«islamophobie», calqué sur celui de xénophobie, a pour but de faire de l’islam un objet intouchable sous peine d’être accusé de racisme. Cette création, digne des propagandes totalitaires, entretient une confusion délibérée entre une religion, système de piété spécifique, et les fidèles de toutes origines qui y adhèrent. Or une confession n’est pas une race, pas plus que ne l’est une idéologie séculière : l’islam, comme le christianisme, est révéré par des Arabes, des Africains, des Asiatiques, des Européens, de même que des hommes de tous pays sont ou ont été marxistes, libéraux, anarchistes.

Jusqu’à preuve du contraire, on a le droit, dans un régime démocratique, de juger les religions mensongères et rétrogrades et de ne pas les aimer. Se méfier de l’islam comme on a pu en d’autres temps se méfier du catholicisme, juger inquiétant son prosélytisme agressif, sa prétention à la vérité unique, son penchant sacrificiel, c’est manifester un sentiment qu’on estimera légitime ou absurde, ce n’est pas faire preuve de racisme. Faut-il parler de «libéralophobie» ou de «socialistophobie» parce qu’on est contre le règne du marché ou la redistribution des richesses ? Ou faut-il rétablir le délit de blasphème, aboli en 1791 par la Révolution, comme le réclame chaque année l’Organisation de la conférence islamique ainsi qu’en France, en 2006, un député UMP, Jean-Marc Roubaud, soucieux de punir tout ce qui bafoue ou calomnie «les sentiments religieux d’une communauté ou d’un Etat quel qu’il soit».

Le pari des sociétés ouvertes, c’est de concilier la coexistence pacifique des grandes croyances avec le droit à la libre expression. La liberté de culte est garantie et la liberté de critiquer les cultes également. Les Français, échaudés par des siècles de domination cléricale, souhaitent un affichage discret des croyances. Réclamer des droits séparés pour telle ou telle communauté, imposer de strictes limites à l’examen des dogmes nous ramènerait directement à l’Ancien Régime.

Le terme d’islamophobie remplit plusieurs fonctions : nier pour mieux la légitimer la réalité d’une offensive intégriste en Europe, attaquer la laïcité en l’assimilant à un nouveau fondamentalisme. Mais surtout faire taire les musulmans qui osent remettre le Coran en cause, en appellent à l’égalité entre les sexes, au droit à l’apostasie et aspirent à pratiquer paisiblement leur foi sans subir le diktat de doctrinaires ou de barbus. Il faut donc stigmatiser ces jeunes filles qui refusent le voile, souhaitent marcher sans honte, tête nue, dans la rue, foudroyer ces Français, ces Allemands, ces Anglais d’origine maghrébine, turque, africaine, algérienne qui réclament le droit à l’indifférence religieuse, le droit de ne pas croire en Dieu, de ne pas jeûner pendant le ramadan. Il faut les désigner, ces renégats, à la vindicte de leurs coreligionnaires, les faire taire pour bloquer tout espoir d’une mutation chez les fidèles du Prophète (en France et de façon révélatrice, c’est un «Collectif contre l’islamophobie» qui soutient juridiquement les femmes verbalisées pour port du voile intégral).

Nous assistons à la fabrication planétaire d’un nouveau délit d’opinion, analogue à ce qui se faisait jadis dans l’Union soviétique contre les ennemis du peuple. Et ce avec l’onction des médias et des pouvoirs publics. Notre président lui-même, jamais en retard d’une bourde, n’a-t-il pas comparé l’islamophobie à l’antisémitisme ? L’erreur est tragique : le racisme s’attaque aux personnes en tant qu’elles sont coupables d’être ce qu’elles sont, le Noir, l’Arabe, le Juif, le Blanc. L’esprit critique, à l’inverse, porte sur les vérités révélées, les écritures toujours susceptibles d’exégèses, de transformations. Cette confusion a pour objet de déplacer la question religieuse du plan intellectuel au plan pénal, toute objection ou moquerie étant passible de poursuites.

Quant aux profanations de tombes, de lieux de culte, si elles relèvent évidemment des tribunaux, elles touchent dans leur immense majorité en France les cimetières ou églises chrétiennes. On s’en veut de le rappeler : de tous les monothéismes, c’est le christianisme qui est aujourd’hui le plus persécuté dans le monde, surtout dans les pays musulmans, Algérie, Irak, Egypte entre autres. Il est plus facile d’être musulman à Londres, New York ou Paris que protestant, catholique au Moyen-Orient ou en Afrique du Nord. Mais le vocable de «christianophobie» ne prend pas et c’est heureux. Imagine-t-on la Saint-Barthélemy condamnée par nos ancêtres sous l’angle de la discrimination plutôt que du fanatisme religieux ?

Il est des mots qui contribuent à infecter la langue, à en obscurcir le sens. «Islamophobie» fait partie de ces termes à bannir d’urgence du vocabulaire.

Post Scriptum, 27 de juliol del 2016.

Amine El Khatmi, conseller municipal pel PSF a Avinyó, fa avui mateix unes declaracions valentes en una entrevista al diari La Provence: “Que les musulmans fassent le ménage”, apel·lant a la mateixa comunitat islàmica de França a deslegitimar el gihadisme. Le Figaro ha reproduït resumidament les seves opinions destacant-ne una d’essencial: “L’islamophobie, un concept créé pour étouffer toute critique de la religion”, coincidint plenament amb les advertències fetes per Pascal Bruckner fa anys en aqueix article.

Post Scriptum, 28 d’agost del 2016.

L’escriptora iraniana refugiada a França, Négar Djavadi, confirma en una entrevista a Le Monde d’avui que el terme islamofòbia fou divulgat per Khomeini com a part essencial de l’estratègia d’agressió de l’integrisme musulmà contra Occident.

Post Scriptum, 29 d’agost del 2016.

Ilya U. Topper, periodista nascut a Almería de família alemanya, s’ha especialitzat en el món àrab. Actualment coordina la revista digital Mediterraneo Sur on el proppassat 4 de juny va publicar aqueix extens i punyent article titulat, “Islamofobia. El nuevo tabú”.

Post Scriptum, 2 de desembre del 2016.

Pascal Bruckner ha comparegut aqueixa setmana davant la justícia francesa per haver acusat de col·laboracionistes amb els assassins de Charlie Hebdo un seguit d’entitats que justifiquen l’islamisme i escampen la brama de la prevenció de la islamofòbia. El setmanari Le Point número 2.308, corresponent al 1 de desembre d’enguany, ha fet la crònica de la vista en aqueix article de Said Mahrane titulat “Le curieux procès Bruckner”:

“L’intellectual comparaissait mercredi devant la 17e chambre pour les propos visant deux associations “complices idéologiques” des terroristes”.

“Une drôle d’époque, vraiment. Un intellectuel, pas un polémiste qui l’aurait bien cherché, pas un raciste notoire et multirécidiviste, mais un intellectuel, assis et fourbu dans un prétoire et, un peu plus tôt, debout à la barre, levant la main droite devant un juge et jurant de dire la vérité, rien que la vérité. Une drôle d’époque, vraiment, et un triste spectacle. Ainsi Pascal Bruckner. Mercredi, dans une indifférence médiatique générale, le philosophe était convoqué devant la 17e chambre du palais de justice de Paris pour avoir déclaré, en 2015, sur le plateau de 28 Minutes, une émission d’Arte, qu’il fallait « faire le dossier des collabos, des assassins de Charlie ». Et l’écrivain de citer, outre Guy Bedos et le rappeur Nekfeu, les associations Les Indivisibles de la militante antiraciste Rokhaya Diallo (qui n’en est plus membre) et Les Indigènes de la République d’Houria Bouteldja. Par leurs écrits et leurs actions militantes, ces associations auraient, selon Bruckner, « justifié idéologiquement la mort des journalistes de Charlie Hebdo ». Les Indivisibles et Le Parti des indigènes de la République ont déposé une plainte pour diffamation contre l’intellectuel, mais aussi contre Jeannette Bougrab, absente à l’audience, pour des déclarations de la même teneur.

Il s’agissait donc, pour la défense, de mettre en évidence l’idéologie de ces militants identitaires qui, outre leurs actions contre un supposé racisme d’État, font parfois des terroristes les victimes d’une France haineuse à l’endroit de ses citoyens d’origine étrangère, et des victimes les premières responsables de leur funeste sort. Le mérite de ce procès fut d’abord le débat de fond qu’il a permis durant plusieurs heures, notamment grâce aux interventions des témoins cités : le directeur de Charlie Hebdo, Riss, le politiste Laurent Bouvet, l’ancienne présidente de Ni putes ni soumises Sihem Habchi ou encore le philosophe Luc Ferry. Si chacun a reconnu l’existence d’un racisme ou d’une xénophobie visant des minorités, les intervenants ont d’abord clamé leur liberté de pouvoir critiquer toutes les religions, l’islam compris, sans pour autant être considérés comme des « islamophobes ». Un terme que tous ont récusé, y voyant un instrument d’intimidation infamant, sinon « une escroquerie intellectuelle ».

“Appelé à s’expliquer sur le sens de ses propos, Pascal Bruckner a dit les assumer, et être même prêt à les répéter. Cette déclaration faite sur Arte est pour lui « une évidence et elle le reste ». L’usage du terme « collabo » renvoie, explique-t-il, à la Seconde Guerre mondiale et à « ces journaux qui ont justifié la liquidation des résistants ou des juifs ». Luc Ferry parlera de « complicité objective » entre ces associations et les terroristes, « comme Rebatet et Drumont étaient les complices objectifs du fascisme. Comme Aragon et Althusser qui, s’ils n’ont pas armé la mitraillette, ont été les complices du stalinisme ». Pour Bruckner, la rhétorique victimaire et l’excuse sociale dès lors qu’il s’agit pour ces associations d’expliquer, par exemple, l’incendie de Charlie Hebdo survenu en 2011 ou la tuerie du 7 janvier 2015 « accoutument les esprits et reviennent à dire que Charlie Hebdo a mérité, en quelque sorte, un châtiment exemplaire ». Son avocat, Richard Malka, a lu durant l’audience des extraits troublants du livre d’Houria Bouteldja, porte-parole des Indigènes de la République, intitulé Mohamed Merah et moi : « Mohamed Merah, c’est moi, et moi, je suis lui. Nous sommes de la même origine mais surtout de la même condition. Nous sommes des sujets postcoloniaux. Nous sommes des indigènes de la république. » Bruckner, dans la foulée, a cité Sartre : « Les mots sont des pistolets chargés. »

Mais le témoignage le plus fort fut incontestablement celui de l’ancienne présidente de Ni putes ni soumises. Militante associative de longue date, Sihem Habchi a vu de près les conséquences de ces discours radicaux sur « les jeunes des quartiers ». La jeune femme parle d’un « fascisme vert » – évoque aussi, par ailleurs, un « fascisme blanc » – qui propage « l’idéologie de l’opprimé et installe l’idée que ces jeunes ne sortiront jamais de leur condition et que les coupables sont la République et la France ». Elle rapporte ses expériences de terrain, les insultes et les menaces proférées à son encontre, dont celle-ci : « Traître à ta race. » Durant des années, cette militante antiraciste et féministe a tenté vainement de contrer l’influence de ce que Laurent Bouvet a appelé « les entrepreneurs identitaires ». Riss, actuel directeur de Charlie hebdo, a dit quant à lui « comprendre » les propos de Bruckner : « On ressentait ça à Charlie, on craignait les conséquences de ces discours agressifs contre ceux qui critiquent les religions. Ce qu’a dit Bruckner était de son devoir. » Tous les intervenants se sont accordés sur le fait que ces associations cherchaient d’abord à « faire taire les gens ».

Le président des Indivisibles, Amadou Ka, a regretté que l’on fasse « porter le chapeau » à son association, qui « condamne ces choses ignobles » que sont les actes terroristes. Il a, en outre, déclaré que « des minorités sont stigmatisées et que la parole raciste se libère en France », se prévalant d’avoir fait condamner, avec d’autres associations, Éric Zemmour pour provocation à la haine envers les musulmans pour des propos tenus dans un journal italien. Amadou Ka a invoqué « la satire » pour justifier l’attribution de Y’a bon Awards – Bruckner assure en avoir reçu un dans sa boîte aux lettres… – à des personnalités qui véhiculeraient des « préjugés ethno-raciaux ».

Combatif, Bruckner a ainsi conclu : « La mal-nommée Les Indivisibles aurait dû s’appeler Les Divisibles, car elle désigne des gens à l’opprobre général et insiste sur la culpabilité occidentale pour instiller la mauvaise conscience au sein de la population et de l’intelligentsia. » Le verdict sera rendu le 17 janvier…

Post Scriptum, 20 de gener del 2017.

Pascal Bruckner ha estat absolt judicialment essent aqueixa “une défaite pour les “collabos” de l’islamisme” segons ha manifestat ahir ell mateix a Le Figaro.

Post Scriptum, 30 de març del 2021.

Finalment, el govern francès reconeix les tesis de Bruckner i altres intel·lectuals que fa anys ja alertaven de la perversitat del concepte d’islamofòbia, tal com publica avui Le Figaro: “Pour le gouvernement, le terme «islamophobie» est inapproprié.Le comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation estime que ce terme «a été imposé par les islamistes» pour «interdire toute forme de critique à l’égard de l’islam radical».

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